• Parfois j'ai vraiment l'impression d'être schyzo...

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  • La relation la plus complexe et la plus bizarre que j'ai jamais vécu est celle que j'entretiens avec ma mère.


    Elle est très dure à définir, car ses tenants et ses aboutissants se sont étalés, ramifiés sur 15 ans. Et le résultat aujourd'hui ne vaut rien sans l'historique. J'aimerais comparer ce lien à un arbre qui a grandi, a poussé, s'est divisé en de multiples branches. Hélas, la comparaison qui me vient à l'esprit est plutôt celle d'un cancer dont les métastases prolixent, pourrissant la chair et le moral de son habitant. Et son habitant dans ce cas précis...


    C'est notre famille.


    Regardez nous. On a pas l'air normaux, peut-être? Bien sur que si. Je ne vous dirais pas que c'est une façade, je ne tomberais pas dans le poncif. Surtout que ce n'est pas vrai. Nous sommes normaux. Seulement, certaines particularités de nos caractères ont évolué. Et ne plaisent pas forcément au voisin. J'aurais bien du mal à vous dire lesquelles, moi-même, j'ai du mal à m'y retrouver. Je sais seulement que depuis ma toute petite enfance, ma mère et moi, on s'engueule.


    Tous les jours. Même pour des trucs ridicules, qui durent parfois deux minutes.


    Mais ça c'est rare.


    Très rare.


    On a une caractéristique toutes les deux. On ne lache pas le truc. Et pour qu'on s'excuse, faut une putain de bonne raison. Tant qu'on est dans son bon droit, ou que l'on croit l'être, on n'essayera pas de se rapprocher de l'autre. Cela peut donc durer très longtemps, en fonction du moral de l'une et de l'autre. Pis y'a un autre truc amusant que j'ai enfin fini par définir sur le caractère de ma mère. C'est pas un défaut à proprement parler. C'est un truc logique, qui découle de sa vie. Elle est dure.


    Elle est dure.


    Je saurais pas vous l'expliquer. Mais quand j'étais petite,par exemple, un petit bobo ça comptait pas forcément. Comment expliquer ça... Surtout que j'ai pas d'exemples précis, sur le moment ça faisait gulps, mais pas plus que ça... Pour maman y'aura toujours pire dans la vie, donc elle a tendance à minimiser ce que tu ressens, d'une certaine façon. Elle aura beau te regarder avec de grands yeux compréhensifs, en dessous, tu entends clairement le "Pauvre choute trop sensible...". Et je retrouve ce truc chez moi. Je vois quelqu'un pleurer, je n'aurais pas comme premier réflexe de m'apitoyer. Non. Au contraire, je suis limite excédée. Bien sur que je réconforte. Mais je dois avoir les même yeux que ma mère dans ces cas là.


    J'en suis pas encore à son point... Je l'ai jamais vu pleurer, à part une fois. Quand mon cousin est mort. Sinon, rien. Elle est même étonnée quand moi je me laisse aller. Pourtant y'avait des fois, c'était plus que justifié. Mais pour elle, c'est étrange. C'est saugrenu. C'est excessif. Peut-être est ce parce que lors de nos engueulades, celle qui s'en prend vraiment dans la figure, c'est...


    Je ne sais pas.


    Je ne veux pas m'avancer sur ce dont je ne suis pas sure. Elle a souffert de différentes façons dans sa vie, et je pense que seule la mort peut encore trouver grâce à ses yeux sur ce point. C'est une opinion assez noire sur ma mère, j'en conviens. Mais de mon point de vue, c'est la vérité.


    Et que dire à propos de son humour, si tranchant, si dévastateur, si drôle parfois, mais si corrosif?


    Si blessant...


    Chacun sa façon de rire au nez de la mort.


    Je hais la sienne. Je me sens mal ce soir, bordel. Je me sens trop mal. Car quand je m'engueule avec ma mère, c'est un peu comme si je m'engueulais avec moi. Je me fais la tronche, je m'ignore, je ne veux plus me voir. J'en crève intérieurement, mais il faudrait me torturer pour m'arracher cette vérité.


    En même temps faut pas dramatiser, on se supporte, y'a des bons moments... Mais des fois, trop de fois, ça explose. Elle est de mauvaise humeur, elle a été calme, patiente et gentille avec des personnes qu'elle déteste, alors elle n'a plus assez de zenitude pour supporter ses enfants. Quand elle est comme ça, rien ne passera. Quoiqu'il se passe elle se fera méprisante, cynique.


    Ignoble.


    J'exagère, peut-être, probablement...


    Mais certains soirs, ça me pèse tant...


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  • Petite image pour Camille...


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  •  Une nouvelle que j'ai écrite en cours de français sur un sujet totalement hermétique à toute forme de création. Trop compliqué à expliquer. Voici le résultat, et ça a pas été facile en 1H30.



     



    A la plage



    En bordure de la mer étincelante, sur l'étendue grise et sablonneuse, une femme habillée d'un paréo noir, marche, zig-zag entre les baigneurs, les yeux baissés, cachés par son chapeau de paille bon marché.

    Son chemin semble tout tracé, défini à l'avance, elle ne lève qu'une seule fois la tête, et c'est pour renvoyer un ballon intrus à son petit propriétaire.

    Mais personne n'a pu croiser son regard.

    Elle pourrait évoluer au milieu d'un champ de betteraves, ce serait similaire.

    Et les rires, cette ambiance si agitée et si frénétique qui est celle des bords de mer, se tarit, se refroidit, au fur et à mesure de son passage.

    Le sable est gris poussière, irrite la gorge, bouche le nez et les oreilles, fouette les visages et les corps au gré des mouvements fantasques du vent. Cette plage n'a rien d'attrayant, ni grand mérite, mis à part, d'après l'écriteau arraché à l'entrée, d'être « surveillée ».

    Seule originalité, cette femme, ombre rendue floue par la chaleur cuisante. Elle n'a pas l'air si vieille, mais ne peut être jeune. C'est indéfinissable, le visage du chagrin. Elle a de petites rides d'aridité aux coins des lèvres.

    Elle doit avoir 40 ans.

    Mère de famille, peut-être ?

    Probablement, car elle a ramassé deux coquillages à la forme bien ronde, sûrement pour le petit dernier, qui ne s'y coupera pas.

    Tout le monde a maintenant le regard sur elle, ou plutôt, sur son aura.

    Trop grave, trop solennelle, trop triste pour une simple promenade sur la plage.

    Son paréo lui bat les jambes, et son chapeau tente une fuite inopportune. Elle le retient avec un geste las et fatigué. Tout en elle semble las et fatigué.

    Puis elle s'arrête un instant et lève les yeux. Elle est arrivée devant un poste de secours, une petite maison aux allures rustiques, comme on en voit sur toutes les plages du monde, avec sa croix rouge sur la porte.

    Le drapeau à son sommet claque, brisant le silence. On dirait que le vent a changé de côté.

    La petite maison paraît menaçante, prend des proportions gigantesques. La femme lève les yeux. Elle semble prendre une grande inspiration, puis souffle doucement, relâchant la tension qui semble l'habiter. Les fenêtres sont couvertes par des rideaux, on ne peut voir l'intérieur, ce qui provoque un frisson de l'ombre.

    Les rafales de sable gris s'écrasent contre le mur en planches de bois brun, le blessent, puis elles repartent, reviennent, en un ballet répété et rabâché depuis des dizaines d'années.

    Le toit de la baraque est plat, une chaise longue et des jumelles sont négligemment posées dessus.

    Le drapeau claque encore une fois.

    Comme si c'était un signal, la quadragénaire s'avance, monte les trois marches jusqu'à se blottir dans l'encoignure de la porte, puis finit par rentrer.

    Le spectacle qui s'offre à elle est à peu près à quoi on pourrait s'attendre en de pareilles occasions.

    Des visages remplis de compassion, de pitié. Ils s'écartent un à un, révélant un tas d'os blanchis et délavés. Un puzzle morbide. La tête au sommet, sorte de pierre tombale dérisoire.

    Le crâne est minuscule. Un enfant de trois ans, probablement.

    Ils l'ont repêché il n'y a pas longtemps.

    La femme ni vieille ni jeune s'avance, enlève son chapeau. Ses yeux ne doivent pas avoir plus de fonds que ceux du crâne qui lui fait face.

    Le regard de cent ans d'âge, le regard qui fait froid, le regard de l'attente, de la terreur, du désespoir, et du vide, vide complet de sentiments, parce qu'il y'en a trop, impossible de tous les exprimer.

    Comme quand il y a trop de couleurs à mélanger en même temps.

    Cela donne du noir.

    Elle se serre dans ses bras maigres et creusés. Tout en elle est maigre et creusé.

    On veut lui faire signer des papiers, une décharge, un testament, « il avait quel âge ? », « combien de temps depuis la noyade ? », « ça doit être dur à porter ».

    D'un geste elle repousse toutes les questions, remarques, ou autres.

    Ce n'est pas son problème, ce n'est plus son problème.

    Et, comme elle l'explique calmement, « ils peuvent se le mettre là où je le pense. »

    Alors elle s'avance jusqu'à toucher la table de son ventre. Elle regarde son fils dans les yeux. Tout au fond des yeux.

    Echange d'un puits à un autre.

    Puis elle ouvre la main, révélant les deux coquillages.

    Elle avance la main, et fait la chose qu'elle veut accomplir, terminer, depuis des mois, des années peut-être ?

    Elle pose les deux ovales sur les orbites creuses, lui fermant ainsi les yeux, à lui, à son enfant, à son fardeau, signifiant sa fin, son arrêt.

    Enfin.


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  • J'ai commencé ce blog il y a un mois.






    J'en suis à 1 post.






    Y'a pas de quoi être fière.






    Mais faut préciser que je suis partie en Islande pendant deux semaines. C'est le plus beau pays que j'ai vu. Pas tant au niveau des autochtones (tous blonds aux yeux bleus, que t'as l'impression d'être dans un fantasme d'aryen intégriste) que celui des paysages. C'est coloré, c'est un peu l'idée qu'on a, quand on est petit, de la Nature. Du vert, du brun, du jaune, du bleu. Ces paysages m'ont rappelé un tableau rempli d'eau et de sable coloré que j'avais quand j'étais minote. Tu le tournais dans tous les sens, ça donnait de très belles choses. J'ai eu un instant envie de secouer la vue et de la retourner dans tous les sens. Un réflexe, que voulez vous.






    Les montagnes ont l'air immergées dans le sable. C'est étrange. Cela donne une sensation de mysticisme ou de mystères très profondément enfoui. J'aurais aimé transplanté un Jacques Prévert dans ce paysage pour qu'il puisse le décrire mieux que je ne le fais... C'est tellement beau.






    Il y a probablement une explication géologique quelconque, mais je préfère laisser là le prosaïque. Parfois, tu veux pas en savoir plus. C'est beau. C'est magique. Inutile de détruire cette instant plein de beauté avec une soudaine réméniscence de la sombre et pédante gargouille qui te servit autrefois de prof de géographie. Tu aurais peur d'entacher ce tableau d'un peu de vomi.






    Mais qui dit Nature dit inconvénients. Pasque Verte mère permet la reproduction et la vie de toutes les espèces, des plus grosses aux plus petites. C'est cette dernière catégorie qui nous intéresse. Les moucherons et les moustiques, par exemple, ont bénéficié, je ne sais pourquoi, d'une foutre libido qui les pousse à se reproduire par centaines et par milliers. Après 30 secondes d'exposition, l'épave roulante familliale avait l'air d'une sorte d'oeuvre moderne post-contemporo-fécale à forte tendance bzzz-bzzzante.






    Oui je me plains, oui, oui, oui. Ben quoi! J'en profite. C'est la seule chose que je puisse reprocher à ce pays. Ma réputation serait ruinée sans un petit peu de râlerie...






    C'est une immense contrée, dont les 3/4 semble n'avoir jamais été piétinés par une quelconque présence humaine. Ce qui donne une impression de solitude, de retour au racine. C'est apaisant. 300 000 habitants pour 103 125 km2 ça en fait de l'espace non conquis...






    Je ne pense pas que les fabuleuses tribulations de mes confrères et moi puisse intéresser quelqu'un, personnellement, pour tout dire, en vérité, j'ai la flemme de les retranscrire.






    Sachez juste que si vous me cherchez dans 20 ans, je suis en Islande.


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